Un voisin sympathique

Première étape :

Il est 8 heures lorsque le réveil retentit me rappelant le programme d’observation, étant donné que je travaillais déjà sur un cours qui me traumatise, un cours que je trouve trop abstrait et ses formules ennuyantes. Ce cours, je n’en avais pas fait auparavant (dans mon pays) et a été une surprise également pour moi de trouver ce cours en sociologie, bien que je reconnaisse son importance dans le domaine de recherche. 

Les deux choses qui me rendent de plus compliqué ce cours :

  1. Le manque de communication avec les autres(amis-e), qui est d’ailleurs une réalité dans l’ensemble.
  2. L’effet du confinement et les cours à distance.

Deuxième étape :

Evidemment, dans mon studio de 14m², je peux vivre en reclus pendant trois jours d’affilé sans contact extérieur. Sauf Roger (le propriétaire du logement) que je vois passer devant ma fenêtre chaque matin à 9 heures pour aller voir son potager et nourrir ses poules. C’est devenu un rituel pour lui, chaque matin, il ne pratique pas le sport, mais n’est pas non plus mobile, depuis qu’il est à la retraite.

 A 68 ans, il cherche toujours à bricoler, à trouver de quoi s’occuper de sa journée, entre son potager et la maison. Le potager et le poulailler se trouvent sur un espace de 30mètres de long derrière sa maison.     

De son retour, il me lève la main et je profite sortir pour un petit échange :

Moi : Salut Roger !

Roger : Salut Mehdi, ça va, c’est pas trop dur ?

Moi : ça va j’essaye de faire le mieux !

Roger : bah tant mieux, tu sais les commerces rouvriront le week-end pro ? mais pas les restos à ce que je sache, et nous resterons toujours confinés encore.

Moi : ok, c’est quand même une bonne nouvelle, un pas de plus, certainement bientôt les restaurants.

Roger : Bon, pour les restos, c’est à part de toute façon. Aurevoir Mehdi je dois aller à Menteld.

Moi : merci Roger et bonne journée.

Dans notre conversation, j’ai compris que Roger se fait de souci pour moi, il sait que je devais travailler dans un restaurant et tous les commerces vont réouvrir sauf les restaurants. Mais ça l’intrigue en même temps en me voyant sourire, car pour lui, je devais être malheureux de ne pas pouvoir retrouver mon travail. 

     Roger a toujours voyagé dans sa vie dû à la profession qu’il exerçait (joueur de Batterie dans un groupe de musique), jusqu’à l’âge de 55 ans où il a décidé de participer qu’aux concerts de proximité pour pouvoir profiter de sa famille enfin. C’est quelqu’un de très attentionné surtout face à sa femme (Maryse) qu’il aime autant qu’elle l’aime aussi. Ils ont un enfant de 30 ans et il fait aussi de la musique, il s’appelle Charles et vie à Menteld avec sa compagne.

     Dans mon habitation, j’ai des voisins qui ont leur terrasse extérieure en face de chez moi, ils râlent à tout temps. J’ai compris que le confinement a aussi impacté de leur côté et ils ne travaillent plus ou les heures sont beaucoup plus réduites, car je n’entendais pas ces cris avant cette période de confinement. 

Mon quartier, a une mauvaise réputation, car considéré comme zone populaire avec une présence massive des HLM, dont la plupart habités par les personnes d’origine étrangère : de plus en plus de vols et bruits de scooter la nuit. En revanche, la zone où j’habite, est tout à fait le contraire. Excepté la famille en face de mon studio de temps en temps, c’est presque un silence précaire. C’est un grand quartier, et j’habite tout au nord du quartier, dans le nord, on aperçoit uniquement que des villas  et c’est la zone où se trouve également quelques magasins. Le sud est plus victime sur l’effet de la délinquance et de la ghettoïsation.   

Roger m’avait dit un jour : Mehdi de l’autre côté n’y va pas la nuit seul, ce serait trop risqué, là-bas les gens se débrouillent comme ils peuvent. 

Troisième étape :

Si lors de la première observation, il y avait moins de monde dans certains arrêts de tram excepté les quelques lieux stratégiques. Force est de reconnaitre que lors de la seconde observation à 13h40, il y’avait de plus en plus de flux dans tous les arrêts. Toutes les chaises du tram étaient presque occupées, d’autres personnes sont arrêtées et se tiennent à une partie de la rame leur permettant d’être mobile pendant que le tram roule. Pas de communication ni d’interaction, hormis ceux ou celles qui rentrent ensemble. Chacun tenait méticuleusement son téléphone et manipule. Cependant d’autres portaient les casquettes avec le téléphone en poche (certainement ils écoutaient de la musique). Dans le tram, les gens sont quand même flexibles et courtois. Par exemple un monsieur, qui était debout sans se tenir a failli tomber lors du départ du tram, immédiatement, il a été tenu par un autre juste à côté : soudainement c’est un sourire des deux côtés avec un signe gestuel de la tête. 

Un rappel à chaque arrêt et départ pour le port du masque et la distanciation sociale par un système automatisé dans le tram en trois langues différentes : Français, anglais et allemand.

Etant donné qu’il avait de plus en plus de monde et pourtant le confinement n’est pas encore levé, je me suis questionné de savoir :

Si le flux est dû à l’ouverture des commerces ? ou c’est dû à l’approche du week-end ? car c’était un vendredi après midi (14h10) ?

Mais au fur et à mesure j’avançais vers le centre-ville, les réponses à mes questionnements sont venues. Toutefois, devant tous les magasins et notamment les magasins d’habits, de chaussures et jouets, les gens se précipitaient pour faire la queue, afin d’y accéder. Sans surprise c’est non seulement l’approche des grandes fêtes, mais ces magasins sont restés longtemps fermer donc forcement y’a des besoins accrus. Par une simple curiosité, je m’approche à la queue et j’entends une conversation de 2 adolescentes (je nomme A et B) :

  1. Ça fait chier d’attendre longtemps dehors dans ce froid là non, pourtant y’a pas beaucoup de personnes à l’intérieur, ils (le personnel du magasin) pouvaient augmenter le nombre de personnes.
  2. Ba ouais carrément, mais on a perdu du temps, mieux vaut attendre maintenant, y’a 5 personnes devant nous. Mais tu sais, j’ai entendu maman dire hier qu’ils risques de refermer les magasins. 
  3. Ah ouais tu es sûre ? 
  4. Bah on verra, ils sont vraiment cons !

Pendant cette conversation, j’ai également trouvé la troisième hypothèse selon laquelle, l’afflux devant les magasins non alimentaires, est dû à la peur de refermer à nouveau les magasins.

Chacune de ces personnes à la queue de l’extérieur ou de l’intérieur, portent un masque.

Avant de quitter le magasin, les deux adolescentes étaient déjà à l’intérieur pour leur achat. Mais le rang, les personnes qui attendaient ne désemplit pas toujours. Car à chaque 5 à 6min, 2 à 3 personnes venaient se mettre à la queue d’attente. 

Pendant mes 15min d’observation devant ce magasin, la plupart de ceux et celles qui étaient à l’intérieur se dirigeaient vers le rayon des anoraks. Evidemment, je trouve de la logique, car c’est bien le grand froid qui a déjà commencé avant le 21 décembre. 

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