La matinée
J’ouvre les yeux à 7h35 ce lundi 23 novembre chez moi à Erstein. Erstein est une commune de 10 000 habitants qui se situe à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg, c’est une commune active avec des commerces de grandes enseignes d’hypermarché, plusieurs écoles primaires, un lycée et un collège mais où beaucoup de personnes âgées habitent également. Dès que je me réveille, je me tourne sur le côté pour attraper mon téléphone, j’ouvre l’application Messenger pour pouvoir lire les derniers messages qu’Alissa, mon acolyte depuis la L1, m’avait envoyé la veille. J’ai à peine le temps de sortir de mon sommeil que je m’empresse de me lever pour effectuer ma routine matinale le plus vite possible afin d’être prête pour assister à mon cours de langue étrangère sur bbb à 8h00 tapante.
Je me retrouve à 8h00 devant mon ordinateur portable posé sur mon bureau toujours en pyjama avec mon petit-déjeuner sur mon plateau composé de deux tartines de miel et un thé vert. À ma première gorgée de thé, il m’est traversé l’esprit de me dire « pourquoi je fais tout ça pour assister à ce cours qui me sert à rien ». La professeure passe en début d’heure un court métrage de 10 minutes qui ne retient pas mon attention puisque mon attention est ailleurs. Je suis trop impatiente à l’idée de retourner à la faculté aujourd’hui où je vais retrouver Alissa. Aujourd’hui, je retourne à la faculté pour la première fois depuis l’annonce du deuxième confinement. Pendant le cours je pense aux affaires que je dois emmener, à la façon dont je vais m’habiller, aux affaires que je ne dois pas oublier de préparer comme l’attestation. Laissant tourner le cours en arrière-plan bien que je n’écoute plus du tout ce que dit la professeure, je m’habille de mon pull bleu marine oversize préféré, de mon jean slim bleu foncé, délavé au niveau des genoux à force des lavages, mes doc Martens noires et mes chaussettes rouges à paillettes dorées qui se laisse légèrement entrevoir.
À l’approche du départ de mon train à 9h45 je quitte le cours de langue, je m’empresse de faire un dernier passage par les toilettes, j’enfile ma grosse doudoune grise qui me fait ressembler légèrement à un bibendum, je mets mon sac à dos orange sur le dos et mon écharpe qui reprend toutes les couleurs de ma tenue et je m’en vais rejoindre mon père qui m’attend dans la voiture devant l’appartement direction la gare qui se situe à moins de 10 minutes de route. À la sortie de la voiture je fais quelques pas jusqu’à atteindre le premier quai et je me positionne de façon à entrer dans le premier wagon du train comme à mon habitude. À 9h45 je monte dans le train et m’assoie sur un des sièges dans les carrés de 4 places près de la fenêtre. Il fait chaud, il y a peu de monde. Le train démarre et s’arrête devant les gares de Limersheim, Fegersheim-Lipsheim, Geispolsheim, Graffenstaden et enfin Strasbourg ville. Une vingtaine de minutes plus tard je descends du train, j’emprunte les escaliers qui mènent vers le Hall central de la gare et je me dirige vers le tram C qui se situe à l’extérieur juste à côté de la gare, je marche d’un pas rapide. Je m’assoie dans la dernière rame du tram comme à mon habitude sur un des sièges proches de la porte et j’accole mon épaule à la vitre.
Arrivée devant le patio, je suis accueillie par Alissa, elle porte une robe en jean avec un pull à manches longues en dessous, des collants et sa paire de docs Martens noires à fleurs multicolore. Nous profitons de se retrouver quelques instants dehors puis nous regagnons l’intérieur du patio où nous retrouvons Bruno un étudiant étranger de notre licence au look de skateur. Ils me mènent à la salle où ils travaillent au troisième étage du bâtiment 5 du patio. J’arrive dans une salle de cours aux murs violet/lila avec plusieurs tables collées les unes aux autres en rangés, les affaires de chacun sont disposées un peu partout sur les tables. Je retrouve Emma qui est en licence renforcée avec moi assise devant son ordinateur à une table avec son bonnet rose qui habille son crâne rasé. Je discute avec eux jusqu’à l’heure du repas. Un peu avant midi Bruno s’en est allé. Il a rapidement enfilé sa veste, son bonnet, ses gants de ski et pris son sac et en fermant la porte, nous lance un :« salut les filles », avant qu’Alissa puisse lui demander s’il allait revenir l’après-midi même.
L’après-midi
Quelques instants après nous sortons de la salle puis du bâtiment par la porte donnant sur la rue de Rome qui est la sortie nous amenant le plus proche de notre destination qui est le restaurant universitaire Paul Appell. Une fois ressorties du restaurant universitaire, nous effectuons le trajet inverse pour venir s’installer sur une table du campus à l’extérieur. Nous avons dégusté notre entrée composée de légumes froids (haricots verts, carottes râpés et céleri) pour moi et Alissa et d’une soupe aux légumes pour Emma, puis notre plat constitué de pâtes en formes de grosses coquillettes avec de la sauce tomate, du parmesan, des brocolis et des amandes. Alissa et Emma avait fini par manger leur dessert, une salade de fruits pour Emma et probablement une crème bizarre pour Alissa. Nous sommes restées dehors à cette table en métal gris dont le touché nous faisait ressentir la froideur de l’hiver. Nous avons enchaîné 4 parties de cartes à jouer au papayoo, parties de cartes qui étaient rythmées par des discussions autour des évènements provoqués par le jeu et des idiomes de l’Alsace et de la Moselle.
Un peu avant 14h nous ramassons nos déchets pour les jeter dans les poubelles à l’entrée du patio. Nous sommes restées quelques instants toutes les trois à discuter avant de revenir dans la salle pour suivre un cours magistral. Alissa ouvre son ordinateur, lance le cours sur la plateforme bbb et nous nous asseyons devant l’écran de son ordinateur. Sur une rangée de table se trouve Alissa et moi, la rangée de table derrière nous se trouve Emma, puis, Bruno s’installera à la rangée de table devant nous après qu’il soit revenu, un quart d’heure après le début du cours. Nous nous avachissons de plus en plus dans nos chaises. Le cours m’ennuyait, nous n’étions pas vraiment impliqués dans ce que disait la professeure, Bruno travaillait autre chose sur son ordinateur portable. Alissa, Emma et moi nous sommes regroupés autour d’une table et avons disposé l’ordinateur à côté de nous de façon à écouter le cours et pouvoir encore faire des parties de papayoo, nos rires remplissaient la salle. À un moment donné Bruno s’est levé et a changé de place pour s’asseoir au fond de la salle. A cet instant, il s’est ainsi rendu compte de notre changement de programme, cela l’a fait rire. Par moment nous l’entendions parler ce qui nous avait fait dire que Bruno suivait un TD. Nous lui avons demandé si nous faisions trop de bruit mais il n’était absolument pas dérangé par notre vacarme. Nous avons enchaîné les parties de papayoo jusqu’à la fin officielle du cours c’est-à-dire 16h. Emma a dû changer de salle car elle devait faire une visioconférence d’un autre cours, il lui fallait un endroit calme. Alissa m’a proposé de faire une partie de solitaire, elle m’indiquait quoi faire et jouait à ma place car je ne connaissais pas les règles du jeu.
L’ambiance de rigolade a changé pour de la nostalgie car j’allais bientôt repartir. Alissa et moi écoutions des musiques de notre playlist Spotify, un écouteur pour Alissa et l’autre pour moi et nous dansions et chantions en silence pour ne pas déranger Bruno même si nos efforts n’empêchaient pas des éclats de rire de résonner dans la pièce. Vers les 17h, je commence à regrouper mes affaires, de même pour Alissa, j’enfile en dernier ma doudoune et nous disons au revoir à Bruno. En marchant dans le couloir nous avons retrouvé la salle où se trouvait Emma. Elle était dans une grande salle aux murs blancs avec des dessins en noirs et bleus de grandes personnalités intellectuelles. Elle était à une table avec ces écouteurs et son ordinateur face à une des fenêtres qui couvrent tout un pan de mur. Je m’avance en silence dans la salle lui fait au revoir d’un signe de la main et m’en vais une fois qu’elle m’a vue. Nos chemins se séparent avec Alissa au niveau des toilettes de la cafétéria du patio.
Je rejoins le tram C arrêt esplanade qui me mène jusqu’à la gare de Strasbourg. J’ai le temps de marcher tranquillement du tram au quai numéro 7 en passant par le Hall central de la gare. Je suis déjà un peu nostalgique des bons moments passés durant cette journée. Je monte dans le train de 17h07, il fait chaud, le train est bondé, si les masques n’habillaient pas nos visages personne ne pourrait penser que nous étions en situation de confinement. Je reste debout devant la porte du train tout le long du trajet.
Le soir
En rentrant j’avais très peu de temps avant que mon cours de 18h00 ne commence. Je m’empresse d’aller dans la salle de bain pour prendre une douche, je me prépare un goûter composé d’une banane et des madeleines que je ramène à mon bureau à partir duquel je vais suivre le cours avec mon ordinateur sur bbb. Le cours est génial mais c’est un peu dommage parce que certains ont des problèmes de connexion. Le cours se passe et se termine à 20h. Je vais à la cuisine pour me préparer mon repas du soir, des restes réchauffés de la veille. Mon repas et rythmé par des vidéos Youtube et diverses conversations sur Messenger. À la fin du repas je ressens comme une fatigue émotionnelle, néanmoins une joie qui me motive à travailler mes cours jusque vers les 23h. Puis je ferme mon ordinateur portable que je laisse sur mon bureau, je m’en vais faire ma toilette du soir, la fatigue se ressent très fortement et je n’ai plus la force de penser, je vais me coucher.